Javier Pérez • Abbaye de Gellone
Saint-Guilhem-le-Désert (34)

Abbaye de Gellone

L’Abbaye de Gellone est une abbaye bénédictine fondée en 804 par un aristocrate aquitain de l’époque carolingienne, Guillaume de Gellone (v. 742-812), appelé Guilhèm en langue d’oc.

L’abbaye fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques. Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998. Le cloître a été démantelé et ne possède plus que deux galeries (galerie nord, une partie de la galerie ouest). À l’origine, il comportait un premier étage dont la construction s’est faite à la fin du XIIe siècle. La galerie nord est percée par une série d’arcades géminées, en plein cintre, reposant sur une colonnette centrale.

Les sculptures du cloître vendues, en 1906, à George Grey Barnard se trouvent aujourd’hui au musée The Cloisters de New York.
Quelques pièces sont conservées à la Société archéologique de Montpellier et au musée de l’Abbaye de Gellone. Une communauté de religieuses est toujours présente sur place.

Abbaye de Gellone © Marc Kérignard patrimoine Région LR

Javier Pérez

Site web de l'artiste

Javier Pérez, né en 1968 à Bilbao, est un artiste espagnol qui vit et travaille à Barcelone.

Succédant à Claude Lévêque en 2013 et Richard Deacon en 2012, Javier Perez investira pendant l’été 2014 différents espaces de l’abbaye de Gellone, à Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault). Trois œuvres ont été pressenties pour former un ensemble cohérent, susceptible de guider le spectateur dans un univers où se croisent la symbolique religieuse, l’histoire de l’abbaye et les enjeux formels de l’artiste.

L’œuvre de Javier Pérez se caractérise d’abord par l’usage de matériaux et de techniques très différents, dont la résine et le verre employés pour la sculpture ou ici l’albâtre.

Javier Pérez, *Corona*, 2011 © Courtoisie de l'artiste

Le verre apparaît comme le matériau de la distance, du temps et de l’étrangeté ; au-delà signifiant et symbolique, il est celui qui, réfléchissant la lumière, lui donne toute sa puissance spirituelle. Javier Pérez a choisi La corona, 2011, réalisée en verre de Murano, rougie par le reflet du luxueux coussin carmin sur lequel elle repose. Cette œuvre rappelle ce que fut cet instrument de la Passion, dont le thème parcourt l’histoire de l’art chrétien. Cette sculpture évoque également le mystère des reliques, éléments fédérateurs du culte et du pèlerinage : c’est d’ailleurs ainsi que l’abbaye de Gellone, recevant de Charlemagne, les reliques de la Sainte Croix et celles de Guilhem, est devenue un haut lieu de pèlerinage.

Javier Pérez, *El viaje nocturno*, 2014 © Marc Kérignard Région Languedoc-Roussillon-Inventaire général, 2014.

Une autre sculpture, El viaje nocturno, 2011, qui existait déjà en verre de Murano, est réalisée en albâtre pour l’abbaye de Gellone ; elle représente un oreiller carré, sur lequel on voit la trace de deux pieds, imprimée dans l’épaisseur moelleuse. L’homme est dématérialisé, mais sa disparition se traduit par une trace, qui doit nous laisser croire à son existence. Mais comme le titre le laisse supposer, il s’agit aussi du rêve, le sommeil de la raison n’engendre pas nécessairement des monstres. Une œuvre comme celle-ci ouvre un champ infini d’interprétations, démultipliées par le lieu.

Javier Pérez, *Rosario (Memento Mori)*, 2008 © Marc Kérignard Région Languedoc-Roussillon-Inventaire général, 2014.

La troisième œuvre, Rosario (mémento mori) représente un chapelet composé de cinquante-neuf têtes de mort, reliées les unes aux autres par une chaîne métallique, terminée par des entraves de prisonniers ou d’esclaves. Le rosaire ou chapelet est un objet de dévotion constitué de perles enfilées en collier sur un cordon. Il est utilisé par de nombreuses religions pour compter les prières récitées d'une manière répétitive. En remplaçant les perles du chapelet par des têtes de mort, Javier Pérez ne détourne pas le rite de la prière, mais transforme cet objet de dévotion et d’intercession en méditation sur la vanité de la vie. Memento mori, souviens-toi que tu mourras. Généralement terminé par une croix, le rosaire de Javier Pérez se prolonge par deux entraves ouvertes, une manière d’évoquer l’évasion ou la délivrance selon que l’on se réfère à la sphère sociale ou spirituelle, mais dans les deux cas la domination de l’esprit sur le corps.